The plants are watching
Autres titres: Le pouvoir des plantes / Meurtre sans témoin / The Kirlian witness
Real: Jonathan Sarko
Année: 1979
Origine: USA
Genre: Fantastique
Durée: 90mn
Acteurs: Nancy Snyder, Nancy Boykin, Joel Colodner, Ted Le Plat, Lawrence Tierney...
Résumé: Laurie est passionnée par les plantes et a réussi à mettre au point une technique qui lui permet de communiquer avec elles. C'est ainsi qu'elle aime se confier à sa plante verte et une relation très étroite nait entre elles. Jusqu'au jour où Laurie est assassinée! Le seul témoin de son meurtre est sa plante. Sa meilleure amie va plonger dans l''univers de Laurie et grâce à la plante, essayer de retrouver l'assassin...
L'horreur chlorophylle! Voilà une idée originale et inédite. The plants are watching connu aussi sous le titre The Kirlian witness est une curieuse oeuvre qui s'articule autour d'un étrange phénomène parapsychologique, celui d'une plante au psychisme ultra développé. Prenant racine dans des faits soi-disant réels, à savoir les expériences de Kirlian mettant en exergue le fait que tout ce qui nous entoure est vivant et émet des ondes qu'on peut traduire et comprendre afin de communiquer, le film développe une enquête policière menée par la soeur de Laurie qui va pénétrer dans l'étonnant monde des végétaux. Difficile d'approche au premier abord, Le pouvoir des plantes, titre français de sa sortie vidéo, va vite fasciner et venir troubler l'esprit du spectateur. Très lent dans son rythme et sa progression scénaristique, le premier film de ce jeune réalisateur parvient à créer une réelle tension, une peur moite, qui génère vite un climat étouffant plus particulièrement dans sa première partie. Certaines séquences ont même un coté viscéralement terrifiantes, comme la scène où une plante se met à frissonner à l'approche d'une personne qui lui est antipathique. Ce sont tout ses végétaux qui semblent doter d'une vie propre, ses feuilles qui parfois prennent des formes trop humaines. La fameuse plante de Laurie ne ressemble t-elle à de gigantesques oreilles? On frise parfois un fantastique inquiétant aux limites de l'onirisme. Si la plante ne réagit qu'aux rayons lunaires elle donne l'étrange impression de hurler la nuit avant que n'apparaisse au coeur de ses nervures le visage ectoplasmique du tueur, comme un négatif révèlerait une silhouette. par la simplicité de sa mise en scène et son sens de l'esthétique surtout crée d'un bout à l'autre un climat incessant de malaise indicible, latent. Il ne se passe rien. Tout est lent, très lent, une lenteur que les détracteurs du film pourraient qualifier d'astronomiquement ennuyeuse mais elle donne au film en fait toute sa force, un peu comme ce cinéma fantastique atmosphérique typique d'un certain cinéma australien du début des années 80. Ce climat moite et inquiétant est renforcé par les décors où l'action se situe, le quartier new-yorkais de Soho et ses vieux ateliers où habite Rilla avec leurs escaliers effrayants, leurs portes que le vent fait frapper, leurs pièces précaires, les serres de Laurie où chaque plante semble vivre sous la caméra de Sarno par un simple regard des protagonistes, un simple geste ou réflexe. Voilà un procédé simple mais efficace qui n'a recours à aucun effet spécial. Un peu d'imagination, un objectif qui capte un geste ou un comportement bizarre, inhabituel, une partition musicale angoissante et la voix off monocorde de Rilla qui narre l'histoire suffisent ici à créer le malaise. Tous les personnages du film souffrent d'une schizophrénie latente que le réalisateur dépeint par le biais d'images étranges. Si Laurie a une passion exacerbée des plantes elle semble effrayée au contact de l'Homme sans vraiment qu'on sache pourquoi tandis qu'elle enregistre ses inquiétants rapports sur bandes magnétiques. Rilla qui découvre lentement l'univers des plantes est prise de cauchemars, obsédée par le fait de savoir comment sa soeur est morte. La plante la mènera inéluctablement vers le coupable lors
d'un excellent final à rebondissements, à la fois cruel et désespéré. Le mari de Rilla est un architecte étrange tandis que Dusty, le petit ami de Laurie, est un jeune homme certes serviable mais qui semble souffrir d'une double personnalité. Très joliment interprété par une troublante Nancy Brooks et une convaincante Nancy Snyder, on retrouvera à leurs cotés le brun Joel Colodler et le blond et fort charmant Ted Le Plat dont les plus coquins pourront admirer la rapide nudité.
Unique dans les annales, ce film réjouira les amateurs d'horreur cérébrale, de fantastique atmosphérique et d'oeuvres extraordinaires. Malgré ses défauts, le film de Jonathan Sarno aujourd'hui devenu quasiment invisible est une véritable petite perle d'originalité qui mérite d'être découverte. A regarder en compagnie de votre géranium favori